Témoignage d’ Anne Daché, responsable du secteur jeunesse à la médiathèque la Mémo.

 

Avec l’invitation faite à l’association JejoueMot’ d’intervenir à la Médiathèque d’Oullins dans le cadre d’un atelier de motricité libre j’ai eu la possibilité de découvrir la démarche de la pédiatre Emmi Pikler auprès du tout-petit.
Étant bibliothécaire, cette approche a résonné car j’avais suivi de près les travaux de l’association A.c.c.e.s (Actions culturelles contre les exclusions et les ségrégations) créé en 1982 par le professeur René Diatkine et les Docteurs Marie Bonnafé et Tony Lainé, psychiatres et psychanalystes, et ensuite avec Evelio Cabrejo-Parra, psycholinguiste. sur les bébés et les livres. L’idée était simple (mais révolutionnaire dans les années 80) : mettre en relation des livres et des bébés, liberté étant laissée aux bébés d’écouter, de regarder ou pas.
Même si le propos est différent (je dirais complémentaire) j’ai retrouvé la même absence de contraintes, le même respect pour le tout-petit qui dispose de la liberté de choisir, à son rythme, dans un cas l’activité qui l’attire, dans l’autre le livre qu’il a envie d’écouter.
Avec une nuance (de taille) : dans le cas des bébés et des livres, il y a intervention d’un -e adulte qui fait une proposition de lecture, que l’enfant est libre de refuser par ailleurs.
Ce que je relève également dans les deux situations c’est l’apparente simplicité de la démarche, qui demande en fait un grand professionnalisme, avec le rôle fondamental de l’animateur-trice.
 
Avant que la séance commence Sylvie a posé tranquillement les bases de la séance, permettant à chacun d’être au fait de ce qui allait se passer.
Ensuite Sylvie alternait les moments d’observation et les moments de dialogue avec les adultes présents, dans une grande discrétion; elle aidait à comprendre, décrypter telle action, telle situation et permettait à la sérénité de s’installer.
Un dispositif à la fois clair et souple, permettant à chacun de se sentir à l’aise et au final d’être acteur de cette séance.

Autre observation : sans aucune intervention des adultes, les enfants, d’âges différents, se déplaçaient, jouaient, s’aventuraient en toute tranquillité.

Je note, me concernant, un moment déstabilisant, lorsqu’une petite fille (18 mois) s’est approchée de moi, souriante, cherchant le dialogue (c’est mon interprétation). La tentation de lui parler, voire d’établir un contact physique était grande. J’ai résisté, vaillamment, je lui ai souri, j’ai veillé à ce qu’elle ne se cogne pas sur le banc, sans plus intervenir. Sylvie est venue vers moi, elle m’a aidée à comprendre et à me sentir “confortable” avec la situation.
Dans un premier temps, en tant qu’observatrice n’ayant pas d’enfant, mon inaction en tant qu’adulte m’a paru déconcertante; on a tellement l’habitude d’intervenir, positivement ou négativement, pour jouer, interdire, interagir que rester à regarder les enfants était étrange. Et puis, je me suis prise au jeu (!) et j’ai oublié l’interaction pour m’intéresser réellement à ce qui se passait dans la salle et c’était passionnant.
En conclusion, après cette première immersion, j’ai très envie d’assister à une autre séance !

A la Mémo

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Un grand merci à Anne pour  le partage de son regard sur notre proposition